Une voiture très suspecte

Ce WE je me suis lancé à passer la frontière avec ma voiture électrique. Ce qui me faisait le plus peur, c’était l’attente à la frontière et de voir ma batterie fondre au soleil sans avancer de 2 cm. La deuxième crainte, c’était de tomber en rade du mauvais côté de la frontière, El Paso étant aussi étendue que Juárez et bien entendu, les boutiques les plus intéressantes sont à l’opposé de la ville.

Pour le premier point, je n’ai rien pu tester : il n’y avait personne à la frontière ce jour-là. J’en étais le premier surpris, mais dans ce sens-là, je ne vais pas me plaindre. Je ne sais donc toujours pas comment se comporte la batterie dans un bouchon. La théorie veut que ce soit 0 : en effet, le moteur électrique a cet avantage de ne rien consommer si on n’avance pas. Sauf que pour survivre une ou deux heures à 35 degrés en plein cagnard, il faut forcément mettre la clim. Et ça, ça consomme. Ce test-là sera donc pour un autre jour.

Je me suis par contre fais une idée pour le deuxième test (petit rappel pour les mémoires courtes : atteindre l’autre bout de la ville et revenir sans besoin d’être remorqué). Aucun soucis là-dessus, le test est positif. Évidemment, le fait de ne pas avoir fait la queue à la frontière a aidé. Mais l’avantage d’El Paso, c’est qu’il y a plein de bornes de recharge en ville et certaines sont même gratuites. J’en ai ainsi choisi une pas trop loin du centre commercial que je visais. Elle était sur le parking d’un magasin que je ne connaissais pas mais le nom avait l’air bien et du coup j’y suis allé faire un petit tour. Et je n’ai pas été déçu : j’ai découvert un magasin bio, proposant des produits locaux ou d’importation de qualité. J’ai ainsi pu acheter du camembert de Normandie, du rosé AOP Côte de Provence et des cookies maison. Merci la voiture électrique! Et pendant que je butinais de rayon en rayon, ma batterie se rechargeait gratuitement! Vivement qu’ils importent ce concept à Juárez!

Bon là, ceux qui suivent un peu (ou qui s’ennuient) se disent : quel est le rapport de tout ça avec le titre? J’y viens 🙂

Si je m’attendais à des difficultés à la frontière vers les USA, je ne m’attendais pas à des problèmes particuliers en revenant vers le Mexique. Comme quoi, ce jour-là, j’avais tout faux! Le but principal de mon voyage était l’achat d’un congélateur. La Leaf, sans être petite, n’est pas non plus très grande. Le congélateur rentrait tout juste à l’arrière et était donc bien visible. La douane mexicaine fonctionne avec des feux bicolores aléatoires : vous avez vert, vous passez; vous avez rouge, vous vous faîtes inspecter. J’ai eu vert, j’étais content. Sauf qu’un agent m’a vu avec mon gros carton à l’arrière et m’a quand même arrêté. C’est pas juste si j’ai eu vert 🙄

S’ensuit une conversation sur le fait que le congélateur coûtait 170 USD et que la limite autorisée sans déclaration était 150 USD. J’ai fait mon Français innocent qui ne savait pas (ce qui était vrai) et l’agent me laisse passer… mais m’envoie au scanner! Grande première pour moi. Imaginez le même scanner que pour les sacs à l’aéroport, mais taille XXL pouvant scanner 5 voitures à la fois! On scanne donc et on attend les résultats. Et puis ça met du temps. J’étais à côté de l’officier et je vois qu’il commence à devenir un peu nerveux. Il passe beaucoup de temps au talkie-walkie mais apparemment son chef ne répond pas. Les autres voitures sont libérées, mais je dois rester. Au bout d’1/4h de ce petit manège, je finis par lui demander si tout va bien. Il me demande ce que je transporte. Et il me dit qu’il va falloir ouvrir le congélateur. Le truc étant bien emballé et pas tout léger, c’est la dernière de mes envies. Je demande à voir le scanner et montre le congélateur qui est bien vide sur la photo.

Emplacement de la batterie

« Oui c’est vrai, le congélateur est vide, » concède-t-il, « mais qu’est-ce que vous cachez sous votre plancher? » Je commence à comprendre. Effectivement, tout le plancher ressort en rouge vif sur le scan.
– Ben, c’est la batterie, c’est un véhicule électrique…
– Vous pouvez me la montrer?
– Ben non, elle est sous le plancher… »
Et d’aller enlever les tapis de sol pour montrer que dessous, surprise! Y’a le plancher!
Tout cela ne fait pas l’affaire de notre officier. Après d’autres conversations au talkie-walkie, il sera décidé de passer une deuxième fois au scanner. Et après une deuxième attente, je peux enfin circuler. Le tout m’aura tout de même coûté près de 3/4h! Mais bon, c’est le prix à payer quand on veut « écrire l’Histoire »… 😛

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Heureux avec ma petite feuille!

Oui, ma petite feuille blanche va très bien!
Pour ceux qui n’auraient pas compris, Nissan a donné à sa voiture électrique le nom de Leaf, soit Feuille en Anglais…

Voici un petit bilan après plus de mille kilomètres parcourus (Juárez est une grande ville, 3 fois la superficie de Paris). La voiture fonctionne très bien : elle se charge à 100%, se décharge conformément aux estimations du tableau de bord (même un peu moins vite si je fais attention) et toutes les options (comme la caméra à 360 degrés) fonctionnent parfaitement. La grande nouveauté, c’est que je peux maintenant la charger à la maison!

Un électricien spécialisé et mandaté par Nissan est venu me faire un devis pour installer une borne de chargement dans le garage et effectuer le raccordement au réseau 220V (rappel : le standard en Amériques est 110V). Il y en avait tout de même pour 30 000 MXN, soit près de 1500 EUR. Comme je trouvais ça un peu cher, j’ai demandé à l’électricien de m’installer une simple prise de courant. Ça charge un peu moins vite, mais finalement 6 heures pour recharger complètement, ce n’est pas si mal. De toutes façons, la voiture est toute la nuit au garage… Il y en a quand même eu pour 10 000 MXN (500 EUR). L’avantage, c’est que j’ai un compteur à part, donc je vais pouvoir mesurer précisément ma consommation (et surtout éviter que toute la maison ne bascule sur un tarif plus élevé, le coût au KWh étant dépendant de la consommation moyenne : plus on consomme, plus c’est cher!).

Compteur
Un compteur tout neuf et dédié

Si un francophone vivant au Mexique lit ces lignes et a besoin d’aide, j’ai quelques astuces qui peuvent faire gagner du temps auprès de la CFE (Commission Fédérale d’Électricité, l’équivalent d’EDF en France, mais toujours un monopole d’état).

On m’a parlé plusieurs fois de supermarchés qui auraient des bornes de recharge pour voitures électriques. Pour l’instant je n’en ai pas encore rencontrées. Mais le premier qui aura cette bonne idée deviendra immédiatement mon supermarché préféré! Avis aux amateurs 🙂

Nissan ne m’a toujours pas trouvé le manuel original de la voiture, mais ils m’en ont trouvé une photocopie, c’est un début!

Je commence à vraiment apprécier le style de conduite de la voiture. Au début comme j’avais du mal à recharger, je restais prudemment en mode éco qui limite les accélérations pour économiser la batterie. Maintenant que je peux recharger à la maison, j’ai coupé ce mode et ça change tout! Outre le silence et l’absence de vibration (si le tableau de bord ne s’allumait pas, on n’aurait aucun moyen de savoir si la voiture est allumée ou pas), c’est l’accélération qui surprend toujours le plus. Très pratique en ville pour changer de file inopinément. Les Mexicains sont très forts à ce jeu mais maintenant j’arrive à les prendre de vitesse! Je ne parle pas des démarrages en première ligne quand le feu passe au vert… Attention tout de même aux gendarmes qui ont la gâchette du radar facile (et ils sont nombreux)! À plus haute vitesse, pas de problème non plus, j’ai fait quelques pointes au-delà de 100km/h sans difficulté. Difficile de tester plus loin, le périf étant limité à 80 km/h… 😀 Le compteur n’est visiblement pas capable d’afficher des chiffres au-delà de 199 km/h (le 1 prend moins de place que le 2) mais de toutes façons, l’Allemagne est bien loin…

Allez, la prochaine fois, je vous fais un petit bilan économique de la consommation énergétique! D’ici là, portez-vous bien!

Recharge
Ma « station-essence » privée
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